Médecin généraliste de banlieue retraité, Guy ARCIZET a présidé le Grand Orient de France de 2010 à 2012. Il poursuit aujourd’hui sa démarche maçonnique en parcourant la France et l’étranger. Ses propos prennent parfois l’auditoire à contre pied, et ne laisse jamais indifférent.
L’idée laïque ne se réduit pas à la loi de 1905.
Ce sera mon antienne. À l’origine de l’idée laïque moderne, au moment de la Renaissance Européenne, il y a une révolte métaphysique qui aura sa maturité avec les Lumières du 18ème siècle. Elle met au premier plan la nécessité d’une émancipation des individus de tous les déterminismes, politiques, religieux, économiques, dans une éthique de la sollicitude. Buffon en 1749 parle de la « similarité » des êtres humains. L’idée laïque n’est pas normative. Par contre la loi de 1905, loi laïque par excellence, à laquelle on applique communément le dénominatif, est contraignante en ce qu’elle définit un cadre juridique, ce qui est bien le moins qu’on puisse lui demander. Mais la laïcité n’est pas un acquis définitif. Il suffirait d’en appliquer la règle dans le cadre républicain pour résoudre nos difficultés. Nous en venons à oublier cet outil indispensable qui l’a fondée : la raison critique. Les événements de ce début de 21e siècle nous ont douloureusement réveillés. La liberté de penser s’est muée en liberté de religion, ce qui n’est évidemment pas l’idée laïque.
L’idée laïque est indifférente à la religion. Il faut que nous nous attachions à parvenir un jour à parler de laïcité sans parler de religion. On voit bien autour de nous, dans le monde profane, la difficulté de ce défi. Les intervenants se référent sans cesse aux spiritualités déistes, quand ils ne sont pas des prélats des différents clergés. Face à la puissance du fait religieux dans l’imaginaire collectif, encore plus que dans la société, face à l’imprégnation, à l’emprisonnement de notre pensée dans des schémas que nous n’avons pas pris la peine de démonter pour parvenir à l’émancipation, on peut se sentir parfois démunis voire désespérés.
Nous avons cependant un recours : réhabiliter une philosophie de l’idée laïque, qui est celle de l’Humanisme.
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