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23 décembre 2015
Laïcité 37

Les questions aux intervenants

Afin de poursuivre le débat, Guy Arcizet et Alain Simon ont répondu aux questions qui n’ont pas pu être discutées pendant la conférence du 17 décembre mais aussi à celles qui ont été posées sur le site internet du collectif laïcité 37 ou via les réseaux sociaux.
L’enregistrement de l’intégralité de la conférence reste disponible à l’écoute.

26 Messages

  • Jean-Pierre 16 décembre 2015
    15:18

    Bonjour,
    Le gouvernement va proposer de former des imams.
    Dans le cadre de la laïcité et de la séparation des églises et de l’état qu’en pensez-vous ? L’état doit-il se mettre à former aussi des prêtres, des rabbins, des moines bouddhistes ou des pasteurs ?

    • Guy ARCIZET 23 décembre 2015
      22:47

      J’espère que le gouvernement ne va pas «  former des imams » comme vous l’écrivez ni qu’il débloquera des fonds pour aider à cette formation. Je trouve déjà contraire à la loi qu’il se préoccupe autant de religion, en contradiction avec l’article 2 de la loi de 1905. En effet ,depuis des décennies les dirigeants successifs ont accumulé les accrocs à cette loi, récemment encore quand le premier ministre assistait à la canonisation de Jean Paul 2, ou quand nos édiles se mêlent de fêtes religieuses, assistant es-qualités à des messes, Aïd et autres cérémonies. ils ne font pas le distinguo entre la sphère publique et la sphère privée, ni entre l’espace public et l’espace privé et méconnaissent le principe de la non-reconnaissance par l’état des cultes. Il faut bien dire que la loi de 1905, à laquelle vous savez notre attachement, a aussi brouillé les cartes. D’abord, elle n’a été établie que pour une seule religion. Ensuite c’est une loi de compromis : par exemple on ne peut être qu’interrogatifs, quand de nos jours on entretient tous les édifices religieux catholiques en en laissant la jouissance à l’Église. Ou quand persiste le concordat, ou le statut de la Guyane etc... De plus l’excuse qui est donnée de ne pas laisser intervenir en France des puissances étrangères qui financeraient les formations d’imams et les mosquées est plus que discutable. On a suffisamment de moyens de contrôler les circuits financiers intéressés à l’affaire. Manque peut-être la volonté politique d’intervenir sur ce terrain sensible. Le terme même d’Islam de France est ambigu. L’ensemble de ces remises en question de la loi a une explication officielle : le pragmatisme. C’est-à-dire la volonté affichée de rassurer la population en disant : nous maîtrisons. Alors que les solutions existent à condition de s’y pencher, de les penser entre républicains et sans y mêler systématiquement les religions dont on sait trop bien la volonté. En filigrane on peut lire le renoncement, la crainte électoraliste de provoquer des remous préjudiciables, le poids du temps sur la démocratie. Mais on voit bien le risque que vous évoquez : la prééminence de l’église catholique, du fait de l’histoire est patente. Alors, au nom se l’égalité, comment les autres religions ne soulèveraient-elles pas la question de leur statut ?

      Nous sommes nombreux à penser que ces postures ont trop duré. En 2011, avec Jean-Philippe Marcovici, Alain Simon l’a rappelé, au cours de la campagne électorale nous avions organisé des Grands Échanges au Grand Orient de France. Le candidat Hollande avait proposé de constitutionnaliser la loi. Où sont les promesses ? Il ne faut cependant pas en rester au constat mais utiliser les armes symboliques que sont le refus, la lucidité et l’obstination. Nous continuerons.

  • Emmanuel 17 décembre 2015
    11:17

    Le principe de laïcité peut se présenter comme la garantie pour chaque individu de ne pas subir de pression d’origine métaphysique.
    Le principe de subordination en entreprise permet à l’employeur de fournir un « uniforme » à ses employés. Si jamais cet uniforme présente des caractéristiques d’ordre religieux, un employé peut il le refuser ? Le principe de laïcité peut il s’appliquer au sein de l’entreprise, et sinon le droit du travail ne permettrait il pas de discriminer sur la religion, indépendamment du « caractère » de l’entreprise / association ?

    • Guy ARCIZET 23 décembre 2015
      22:47

      Je ne crois pas que, hors les consignes de sécurité, on puisse obliger un employé à porter quelqu’uniforme que ce soit, surtout recouvert de signes religieux. Le risque est que, avec l’assentiment des employés, une entreprise fasse porter à tous, voire à certains seulement, de tels vêtements. je ne crois pas qu’il y ait là de parade juridique, même lorsqu’il y a un contact avec le public. Certaines religieuses, infirmières, portent le voile dans des structures hospitalières privées. La seule réplique est alors individuelle : ne pas les fréquenter. Faut-il légiférer pour étendre dans l’entreprise le domaine de la sphère publique ? Ce sera difficile. L’exemple que citait Alain Simon est emblématique de ce que l’on pourrait faire. Vous pouvez aller sur internet voir ce qu’a fait l’entreprise Paprec. Cela me semble important de répandre ce message, plutôt que de donner d’autres interprétations de la loi de 1905. On ne finira jamais de découvrir une multitude de cas particuliers.
      Cordialement.

  • Jean-Luc 17 décembre 2015
    14:49

    Les serviteurs de l’Art Royal qui siègent à l’assemblée ont-ils trahi leur serment en cautionnant les lois dites Macrons ? Développement :
    Ouvrier, fils d’ouvrier, petit fils de paysans, ma culture n’est malheureusement pas littéraire et « supérieure » elle n’est issue que du collège de la république et de l’observation et l’écoute de mes « frères et sœurs » de labeur
    La laïcité selon mon éducation revêt un principe fondamental d’équité d’égalité, ce principe devant s’imposer à l’intérêt de tous les citoyens. Aujourd’hui, les yeux sont focalisés sur les symptômes d’une maladie humaine (l’idolâtrie) aussi ancienne que l’existence des sociétés humaines et qui nous revient en boomerang, car l’élan d’universalité de notre République s’est fissuré sur les failles de la mondialisation capitaliste.
    Mais ce symptôme à une cause et/ou des causes et la haine qui en résulte ne sont-elles pas issues de l’iniquité sociale. Cette iniquité, nos pères fondateurs l’avaient pourtant idéalement neutralisée par des fondamentaux inscrits en lettre de sang dans le marbre de nos fondations.
    Pourtant aujourd’hui ceux qui dans l’hémicycle pérorent au nom de nos « Pères » sont ceux-là même qui s’acharnent hypocritement, sournoisement, à détruire les fondements de la République en usurpant les Noms des esprits l’ayant fait rayonner.
    Un dispositif de la loi Macron s’attaque directement au long processus équité et de justice envers les plus démunis qu’est le Code du Travail. Et d’une manière générale, empêche financièrement aux plus faibles d’avoir accès à une justice gratuite, donc républicaine.

    Et indirectement, ne pas enrayer et neutraliser les lois visant à détruire l’accès à la justice, c’est donner le terreau aux fous de toutes les obédiences obscurantistes.
    Ne croyez-vous pas qu’il est urgent de montrer du doigt combien la balance de Marianne est maltraitée ? N’est-il pas nécessaire de lutter pour rétablir les moyens de la magistrature indépendante des pouvoirs politiques et faire reculer cet obscurantisme rampant ?

    • Guy ARCIZET 23 décembre 2015
      22:47

      Merci de votre question que l’on pourrait résumer ainsi : les francs maçons mettent-ils toujours leurs options politiques en adéquation avec leur idéal ? La réponse est aisée et risque de vous décevoir : hélas ou heureusement , non. Il ne faut pas idéaliser la Franc-Maçonnerie, on serait vite déçu. L’idée maçonnique doit par contre être défendue, en dehors de ce qu’en font ses adeptes, en ce qu’elle tend à émanciper tous les hommes et toutes les femmes et de tous les déterminismes, religieux, politiques, économiques. En ce sens on peut dire que c’est une méthode, pas seulement de travail, mais aussi de laïcisation de la pensée.
      Mais je n’esquive pas votre question. le Code du Travail a, en grande partie été pensé et écrit par des maçons. en particulier Arthur Groussier et Paul Ramadier. Ils remettaient l’Homme au centre du débat social et, ainsi, protégeaient les salariés, surtout les plus vulnérables. Il est probable que l’évolution actuelle, sous le couvert d’une modernisation de la société, « détricote » ce qui a été pendant des décennies une protection sociale efficace, encore récemment lors des crises financières successives, quand la France a moins souffert que d’autres au niveau de sa population. Mais cela nous oblige aussi à un constat. Nos sociétés abordent un virage qui nous obligera à repenser leurs structures. Les alternatives qui nous étaient proposées, à l’Est en particulier avec le communisme, ont échoué. A ce titre la Franc-Maçonnerie pourrait être un lieu d’élaboration d’une nouvelle philosophie politique. Les débats que nous y menons, dans un temps plus long que le temps habituel, politique ou médiatique, pourraient y parvenir. Mais ce sera difficile et sûrement douloureux. Est-ce une raison pour ne rien faire ?

      Cordialement

  • Visiteur 18 décembre 2015
    16:18

    Comment et pourquoi finit-on par associer maçons et « affaires » ? C’est dommage. Est-ce vrai ?

    • Guy ARCIZET 23 décembre 2015
      22:47

      Ma réponse, ici, sera brève : l’institution maçonnique est à différencier de l’idée maçonnique. Cette dernière doit être défendue. Elle est contemporaine et aussi consubstantielle de l’idée républicaine et donc de l’idée laïque. Comment faire pour défendre une idée : on fonde une institution. Et c’est là que commencent les difficultés. Les institutions, quelles qu’elles soient, sont lieu de pouvoir, donc de conflit mais aussi de recherche du pouvoir pour lui-même. La maçonnerie n’échappe pas à cette difficulté. Mais associer maçonnerie et affaire est faire à l’idée une mauvaise querelle de la même manière que lorsqu’on associe catholicisme et pédophilie, politique et prévarication ou juif et fourberie… Je veux dire que toute généralisation est raciste qui consiste à définir un individu par son appartenance, son origine, sa religion. Le contraire, qui amène à croire que l’étiquette se confond avec l’être ou que l’habit fait le moine est l’indice d’un naïveté pour le moins, quand ce n’est pas un moyen d’opprimer voire de persécuter.
      Cordialement.

    • Alain SIMON 23 décembre 2015
      22:47

      L’assimilation "maçons" et "affaires" est l’objet de marronniers classiques dans la presse, sans doute parce que ce titre d’article sensation trouve un lectorat et fait vendre. La réalité est tout autre car statistiquement, il y a moins de mauvais citoyens chez les maçons et que la justice interne aux obédiences sait faire le tri et exclut les adhérents indélicats.

      C’est l’obligation de secret d’appartenance, qui accrédite souvent l’idée que les maçons se réuniraient dans le secret de leurs temples pour comploter contre les pouvoirs établis ou faire des affaires. Mais ce secret est largement dû aux persécutions dont ont été victimes les maçons, notamment en France sous le gouvernement de Vichy (radiation de la fonction publique, spoliation, voire déportation).
      Cordialement.

  • Visiteur 18 décembre 2015
    16:18

    L’Islam est présente depuis presque 200 ans en France. Pourtant cette religion est l’oubliée de la Loi de 1905. Est-elle un problème à la laïcité ?

    • Guy ARCIZET 23 décembre 2015
      22:47

      Cette question est à la fois fondamentale et difficile. Elle fait se heurter bien des laïques sincères. Je ne peux apporter qu’une réponse subjective mais qui ne saurait être ni définitive ni tautologique. Je suis très marqué par mon parcours en banlieue que j’aurais parfois tendance à présenter comme universel. La banlieue n’est pas la France, mais elle est un « symptôme » de la France et de son évolution et sûrement lieu de trouble et troublant en ce qu’il tranche avec une image traditionaliste. De plus, cette image est prise souvent comme référence négative et prétexte à des solutions extrêmes ou extrémistes. Et le raccourci est rapide qui mène de la banlieue à l’Islam et de l’Islam à la délinquance et à la source de tous nos maux. Je caricature, mais pas plus que les commentateurs que l’on entend dans les médias à longueur d’antenne. Ce qui m’a souvent conduit à dire que les enfants de nos banlieues subissaient une double peine : il sont identifiés à des musulmans, même quand ils étaient laïques et non pratiquants, et confrontés à de multiples difficultés sociales pour ce qui est du travail, du logement, des transports, de l’accès aux soins de plus en plus. C’est à ce titre là que la laïcité est en danger, quand la solidarité sociale n’est pas assurée et quand elle peut être récupérée par des mouvements communautaristes. Car, pour le laïque, l’Islam est une religion comme une autre. Comme l’état ne reconnaît aucun culte, elle ne peut pas constituer un problème ou, comme vous le dites, un oubli. Si vous exprimez, par contre, que ceux qui sont assimilés à l’Islam, en tant que tels, sont oubliés, et non leur religion, vous nous faites entrer dans une dimension qu’il ne faudra pas négliger dans les solutions envisagées. La dimension sociologique ne recouvre certainement pas tout le champ laïque, par contre elle est la plus immédiatement accessible au politique.
      Cordialement.

    • Alain SIMON 23 décembre 2015
      22:47

      La pratique de la religion musulmane était peu répandue en France jusqu’au 19ème siècle . Pendant les périodes de colonisation et de protectorat français, cette religion n’a pas bénéficié de l’application de la loi de 1905 dans les territoires. Au 20ème siècle, c’est à partir des vagues d’immigration du travail qu’une population de confession musulmane a fait souche en France, largement encouragée par des employeurs ayant des besoins de main-d’œuvre. Avec le regroupement familial et l’apparition des deuxièmes générations et suivantes, la pratique de l’Islam en France s’est posé.

      Sans être mentionné dans la loi de 1905, cette pratique a pu bénéficier d’une application des dispositions et pratiques issues de cette réglementation, confortées par des décisions juridictionnelles favorables. Ainsi, le nombre de lieux de cultes (mosquées et salles de prières) a largement cru en France et tend à répondre globalement à une demande croissante pour une religion émergente, par rapport aux autres religions déjà installées.
      Cordialement.

  • Visiteur 18 décembre 2015
    16:18

    La Laïcité n’est pas un refuge…. Allez plus loin dans vos constats ! Que devons nous faire ?

    • Alain SIMON 23 décembre 2015
      22:47

      Les 3 conférenciers n’ont pas proposé uniquement des constats lors de la réunion de jeudi. Ils ont proposé une réflexion issue de l’analyse des origines du concept, de son application dans un domaine sensible, celui de la bioéthique, et des difficultés actuelles à partir de la nouvelle querelle de la laïcité en 1989 avec les premières affaires de voile. Leurs exemples ont montré comment sortir de l’aporie, sans pour autant proposer des accommodements raisonnables qui aboutiraient à exacerber le droit à la différence jusqu’à une différence des droits et à la reconnaissance de droits particuliers de certaines communautés (religieuses, ethniques, culturelles, sexuelles....) au détriment de l’appartenance à une seule communauté, la communauté nationale.

      Plutôt que de s’échiner à définir ce qu’est la laïcité en France, par rapport aux autres pays européens, il a été proposé de privilégier la notion de liberté de conscience, qui permet de comprendre que, dans toutes les situations, les uns et les autres peuvent vivre dans leur vie professionnelle ou personnelle. L’important est d’assurer la libre construction personnelle, l’émancipation des déterminismes individuels et la recherche des ressemblances plutôt que l’exacerbation des différences dans la vie en société.
      Cette conviction devrait pouvoir être collective, si chacun s’engage dans cette démarche, pour aboutir à un « être-semble » en République.
      Cordialement.

  • Visiteur 22 décembre 2015
    15:18

    Un dispositif de la loi Macron s’attaque directement au long processus équité et de justice envers les plus démunis qu’est le Code du Travail. Et d’une manière générale, empêche financièrement aux plus faibles d’avoir accès à une justice gratuite, donc républicaine. 
Et indirectement, ne pas enrayer et neutraliser les lois visant à détruire l’accès à la justice, c’est donner le terreau aux fous de toutes les obédiences obscurantistes.

Ne croyez-vous pas qu’il est urgent de montrer du doigt combien la balance de Marianne est maltraitée ? N’est-il pas nécessaire de lutter pour rétablir les moyens de la magistrature indépendante des pouvoirs politiques et faire reculer cet obscurantisme rampant ?

    • Guy ARCIZET 23 décembre 2015
      22:47

      Je vous renvoie à ce commentaire précédent qui répondra à votre question.
      Cordialement.

    • Alain SIMON 23 décembre 2015
      22:47

      Ces questions abordent la politique économique et sociale d’un gouvernement démocratiquement constitué. Bien sûr, les francs-maçons et tous les républicains (vous l’avez compris lors de la conférence de jeudi dernier) militent pour la défense des valeurs et de liberté, inscrites dans les textes fondateurs (Constitutions, Traités internationaux, Conventions internationales sur les droits humains et les libertés fondamentales).
      Les orateurs ont rappelé que la laïcité ne pouvait s’ exercer que dans un contexte économique et social favorable (République laïque et sociale selon l’article 1er de la Constitution française et discours de Jean Jaurès, l’un des auteurs et acteurs principaux du vote de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905).
      La question des 35heures et du travail dominical, comme les conditions éventuelles d’une évolution de la nature du contrat de travail, qui pourraient entraîner une rupture conventionnelle plus rapide ou une diminution du rôle du Conseil des Prud’hommes, dépassent largement le cadre de la conférence sur la laïcité. Mais ces questions importantes doivent être traitées et tranchées par la loi, après un débat parlementaire digne de ce nom, et appliquées branche par branche professionnelle, issues d’une concertation avec les organisations syndicales représentatives.
      A ce stade, on ne peut que rappeler que la laïcité oblige aussi à lutter contre tous les dogmatismes, qu’ils soient politiques, religieux ou économiques. Ainsi, les règles sur le déficit budgétaire, le taux d’endettement, le niveau d’inflation, ne peuvent devenir des freins destinés augmenter les inégalités sociales ou accroître le déséquilibre entre les revenus du capital et celui du travail.
      Quant aux jours de congé hebdomadaire, ils sont régis par le droit du travail, qui a fixé pour règle le repos dominical, fixé au dimanche par habitude et tradition, sans pour autant recouvrir exactement une pratique religieuse, qui est de moins en moins majoritaire.
      Pour cette question, précise, ouvrir la porte des accommodements est la pire solution, surtout qu’il n’y a pas à notre connaissance de revendication particulière. Il importe seulement pour l’État de ne pas vouloir ouvrir des droits différents appliqués à des communautés spécifiques, mais de fixer une règle commune à tous les citoyens, sans " reconnaître " une religion (article 2 de la loi de 1905) ou une autre dans la fixation de dates de congé.
      Cordialement.

  • Visiteur 22 décembre 2015
    15:18

    Est-il incohérent de parler de laïcité et d’égalité dans le monde du travail dans un pays où l’on revendique le dimanche de congé comme un dû, quand un musulman ne profite pas de son vendredi, un juif de son shabbat ? De manière générale, n’existe-t-il pas une politique de l’autruche sur cette question ?

    • Guy ARCIZET 23 décembre 2015
      22:47

      Vous évoquez là les « racines chrétiennes de la France » expression qui a fait florès dans la bouche de nombre de nos politiques depuis des années. Si il semble difficile de revenir sur le dimanche jour chômé chez nous qui n’est pas plus religieux que noël et même entraîne une adhésion de la totalité des syndicats (on l’a vu lors de « l’ouverture » possible au travail de ce jour précis), tout un tas d’autres symboles méritent d’être examinés. Par exemple les lundi de pâques et de pentecôte (ce dernier déjà écorné), le jeudi de l’ascension, le 15 août, le 1er novembre dit la Toussaint … Faut-il envisager dans un souci d’équité de les remplacer par des fêtes religieuses autres que chrétiennes ? Certains seront tentés de le faire ne serait-ce que dans un souci commercial. Je suis de ceux qui pensent que nous avons suffisamment de symboles républicains pour ce faire. La sécularisation de la société, que beaucoup pensent accomplie, passera certainement par une évolution de ce type, supprimant les fêtes religieuses du calendrier républicain. Ceci dit les tentatives de la révolution française n’ont pas eu de suite. Elles avaient mal mesuré la résistance latente et la force de la religion comme élément culturel et rassembleur. Les répliques que nous avons de nos jours, aggravées, on peut se le dire entre laïques, par la multiplication des cultes qui les rendent difficilement identifiables, nécessitent une analyse (je ne crois pas au dialogue avec les religions, où nous sommes les « pigeons ») prolongée, débarrassée de tout esprit partisan (ce qui devrait être la marque de la laïcité) avant que d’arriver à des solutions. Ces dernières ne pourront s’imposer, c’est du moins mon avis, que dans une société apaisée sur le plan social. Ce jour n’est pas arrivé et je suis certain de ne pas le voir de mon vivant. Mais la singularité philosophique de la laïcité est là. Elle ne travaille pas pour un bénéfice immédiat, mais dans l’esprit que la communauté humaine pourra s’améliorer en dehors de toute espérance pré ou post existentielle. Cette posture suppose un cadre de vie où chacun puisse choisir, s’accomplir, s’épanouir. Avons-nous la mesure du défi ?
      Cordialement.

    • Alain SIMON 23 décembre 2015
      22:47

      Je vous renvoie à mon commentaire précédent qui propose une réponse à cette question.

  • Visiteur 22 décembre 2015
    16:18

    Faut-il laisser aux adversaires de la laïcité la liberté d’expression et de prosélytisme ?

    • Guy ARCIZET 23 décembre 2015
      22:47

      Évidemment, non. Encore faut-il avoir la clarté de voir qui sont ces adversaires. Ils sont facilement identifiables lorsque ce sont des adversaires politiques. Quand Mme Le Pen s’exprime elle peut en convaincre certains (sans doute pas tous ceux qui lui apportent leurs suffrages) mais pas nous. Ailleurs, encore faut-il que le dialogue sur la laïcité sorte des évidences qui ont montré leurs limites, et sorte aussi d’une hystérisation médiatique où les rapports de force prennent le pas sur la raison critique. Même si il nous est pénible de l’avouer, il semble qu’il y ait des « chapelles laïques » qui s’invectivent et se critiquent entre elles, voire se complaisent dans la dispute. L’idée laïque est simple. Ses applications, dans la loi en particulier, sont plus sujettes à caution. Si on ajoute que les pouvoirs politiques français n’ont pas été clairs dans leurs prises de positions depuis des années (voir mes réponses à d’autres questions) la situation se complique et devient inextricable. Comme dans beaucoup de domaines une voix apaisée et « œcuménique » (le terme n’est pas réservé à l’église) serait souhaitable et certainement plus efficace. Le prosélytisme laïque se fera à ce prix.
      Autre chose : la liberté d’expression entre dans la cadre laïque. Elle n’a comme seule limite que la dignité humaine. Mais elle ne saurait être la totalité de la laïcité ou plutôt de la sécularisation. Nous avons sur ce point un différent avec les américains, surtout. Ils réduisent les libertés à la liberté d’expression, de culte, contre la précarité et la peur. La liberté de conscience n’est pas évoquée. Pourtant leur démocratie vaut bien la nôtre, pour ce qui est des réussites et des échecs. Un motif de réflexion et d’étude.
      Cordialement.

    • Alain SIMON 23 décembre 2015
      22:47

      La liberté d’expression est reconnue par les textes fondateurs de notre République française (Constitution, principes généraux du droit, déclarations universelles des droits de l’homme et du citoyen...). Il ne peut être question de revendiquer un principe assimilable aux solutions révolutionnaires où il n’y aurait pas de liberté pour les ennemis de la liberté. Simplement cette liberté d’expression est strictement encadrée par les lois de la République ( atteinte à l’ordre public, l’action terroriste, l’incitation à la haine, au racisme, à l’antisémitisme et à l’homophobie sont ainsi proscrites et condamnées).

      Le combat pour la promotion des valeurs de laïcité et de la liberté de conscience passe par le débat démocratique, notamment l’engagement de citoyens dans l’instruction, l’épanouissement de la personne humaine et le développement de la création artistique et culturelle.
      Cordialement.

  • Visiteur 22 décembre 2015
    16:18

    La laïcité à la française a-t-elle pour vocation d’être universelle ?

    • Guy ARCIZET 23 décembre 2015
      22:47

      Je n’en sais rien ! Pardon pour cette réaction abrupte. Mais nous sommes, nous Français, pris dans une ambiguïté philosophique et politique qui nous a conduit, bien souvent, à prendre comme universels nos principes républicains. Or il y d’autres démocraties que la nôtre. La laïcité « à la française » est marquée par notre histoire et aussi la sociologie de notre pays. Les lois qui en ont découlé s’inscrivent dans un paysage particulier, difficile à transposer ailleurs. Il ne s’agit pas ici d’un relativisme, comme on nous le reproche souvent. Ces lois doivent être défendues chez nous. Mais on ne peut pas dénier aux USA, au Royaume Uni, à l’Allemagne, pour ne citer que les plus proches, le statut de démocraties au risque de passer pour des intégristes. En Belgique même, pays très proche et ami quasi consanguin, la notion de laïcité est différente de la nôtre. De plus, nous ne sommes pas les seuls concepteurs de l’Idée Laïque et de sa diffusion dans le monde. La Révolution Américaine est antérieure à la Française et sa Déclaration d’Indépendance fait appel à des principes que nous défendons conjointement. Il est vrai que des soldats de l’An II à ceux du Maréchal Lyautey nombreuses sont nos troupes qui se sont répandues dans le monde au nom de nos principes, qui cachaient parfois d’autres motivations, moins louables, de pouvoir ou d’argent. Le rappeler n’est pas dénigrer ce qui a été le fond d’une démarche émancipatrice. Mais la façon de l’imposer par la force et aussi dénoncer avec Montesquieu (ou Montaigne je ne sais plus) que « quiconque croit à quelque chose n’a de cesse que d’en convaincre les autres ». Ce qui m’amène à préciser que la Laïcité n’est pas une croyance ni une religion, mais un principe, politique, juridique et philosophique. Je termine en précisant et en insistant sur la nécessaire émancipation des hommes et des femmes et la possibilité qui pourrait leur être donnée de choisir leur parcours, sinon leur destin. Il me semble que nous sommes ici dans un vœu universel. Je n’imagine pas qu’entre ces deux éléments de choix, la liberté ou l’oppression, il puisse y avoir hésitation d’un être humain. Sauf, bien sûr, si celui-ci tire un avantage de sa position d’oppresseur et de ses privilèges. Je suis certain que vous comprenez où je veux en venir.
      Cordialement.

    • Alain SIMON 23 décembre 2015
      22:47

      La laïcité à la française est un système juridique, issu d’une évolution de l’histoire des idées, issu des Lumières et de la Grande Révolution française. Il est illustré par la promotion de la liberté de conscience que la République doit assurer et qui est garanti par la séparation des Églises et de l’État après un mouvement progressif de sécularisation de tous les moments de la vie (état civil, mariage, obsèques...).

      A ce titre, et les conférenciers l’ont rappelé jeudi soir, il faut tordre le coup à l’idée selon laquelle ce concept serait " intraduisible " en langue étrangère et donc ne pourrait être compris par d’autres Européens, que ce concept est incompréhensible en l’état et qu’il faudrait l’affubler d’adjectifs (laïcité d’intégration, ouverte, positive....).

      Les explications fournies sur les origines philosophiques de l’idée puis de son concept popularisé par Ferdinand Buisson, montrent que notre système a vocation universelle comme l’est le principe de la liberté de conscience, qui, seule, permet la liberté de croire, d’avoir une religion, d’en changer ou de n’en avoir aucune, ou de ne pas croire.
      Cordialement.